Mme Joëlle Voisin, présidente du CA de l'Afa a ouvert ces journées en rappelant les principales missions de l'Afa qui sont d'accompagner les candidats à l'adoption dans la mise en oeuvre de leur projet, informer les familles sur les modalités de l’adoption internationale, les aider à constituer leur dossier en fonction des pays et de les aider à objectiver leurs craintes et à renforcer la solidité de leur projet lors de sessions de formation. De retour en France avec l’enfant adopté, l’Afa aide les familles à respecter, pour les pays qui le demandent, leurs engagements de suivi post-adoption des enfants, avec l’aide des antennes « adoption » au sein des services sociaux des départements.

Mme Gaëlle Paris-Muller, adjointe au chef de la Mission de l'Adoption internationale a rappelé quant à elle le fonctionnement de ce service du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui assure le respect des engagements internationaux et des principes auxquels la France a souscrit dans le cadre de la convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant de 1989 et de la Convention de La Haye de 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale (CLH). Elle a insisté sur la coopération avec les opérateurs français et plus spécifiquement avec l’Afa.

Le profil des enfants adoptés à l’international évolue vers des enfants plus grands, en fratries ou présentant des problèmes de santé ; ils cumulent un certain nombre de vulnérabilités liées au fait d’avoir été abandonnés, d’avoir subi des placements en institutions au long cours et des ruptures affectives et culturelles successives. A cela s’ajoutent parfois des difficultés liées à des pathologies ou handicaps n’ayant pas bénéficié d’une prise en charge adaptée. Pour toutes ces raisons, la terminologie « enfants à besoins spécifiques » a été retenue pour désigner ces enfants à particularités adoptés à l’étranger nécessitant une prise en charge différente.

Parmi les principales problématiques de santé, deux ont été exposées lors de ces journées.

Tout d’abord, Mme Nuria Gomez Barros, psychiatre de l’Hôpital de la Val d’Hebron à Barcelone (Espagne) a développé ses recherches menées sur le syndrome d’alcoolisation fœtale. En effet 80 % des adoptions en Espagne se font à l’international et 36.8 % des enfants sont originaires des pays de l’est (Russie et Ukraine). De 2006 à 2014 les adoptions internationales se sont accrues et les services espagnols ont commencé à voir apparaitre des problèmes de santé chez les enfants adoptés liés à l’alcool. C’est pourquoi une étude sur une population de 186 enfants adoptés entre 1989 et 2015 a été lancée afin de pouvoir prendre en charge dans de meilleure condition cette pathologie extrêmement lourde tout au long de la vie. Poser le diagnostic reste complexe car le manque d’information, les variables cliniques, les rapports d’origine manquants, les antécédents de la mère bien souvent inexistants viennent renforcer la difficulté d’établir ce tableau clinique. L’évaluation du syndrome doit donc être fait en équipe pluridisciplinaire  afin d’effectuer une prise en charge le plus précocement possible. Il s’agit de la première étude espagnole dans ce domaine et les résultats finaux devraient bientôt être publiés.

Puis le docteur Florence Veber, pédiatre, attachée à l’hôpital Necker Enfants-malades, est venue illustrer le cas des enfants adoptés porteurs du VIH. Cette maladie bénéficie aujourd’hui, dans les pays industrialisés, de traitements très efficaces permettant à ces enfants de grandir normalement et d’envisager une vie d’adulte. La prise en charge d’un enfant porteur du VIH demande une consultation hospitalière tous les 3 mois avec bilan sanguin pour surveillance de la maladie et des effets secondaires immédiats du traitement. Ces derniers sont limités et les traitements sont bien tolérés.

La table ronde de l’après-midi portait sur les troubles de l’attachement : quel accompagnement ? thématique développée par Mme Nicole Guédeney, pédopsychiatre, docteur ès Sciences et responsable du service de psychiatrie infanto-juvénile à l’institut mutualiste Montsouris de Paris. Après un bref rappel des différents types d’attachement, un tableau clinique des troubles de l’attachement (absence de lien, problème d’intersubjectivité, dérégulation émotionnelle, comportement verbal inadéquat) a été brossé. Ces troubles sont fréquents chez les enfants élevés dans des conditions extrêmes de soins (maltraitances, rupture de liens multiples, négligences…) et nécessitent une prise en charge spécifique. Le parent adoptant doit se mettre à la disposition de l’enfant et les professionnels de l’adoption doivent répondre aux besoins de l’enfant en aidant le parent à faire face à l’ensemble de ces troubles.

La seconde intervention réalisée par le docteur David Germanaud, neuro-psychiatre et praticien hospitalier dans l’équipe des troubles et maladies du développement cognitif du service de neurologie pédiatrique de l’hôpital Robert Debré portait sur « les facteurs de risque des troubles cognitifs et comportementaux chez l’enfant adopté : de l’exposition prénatale à l’alcool aux troubles causés par l’alcoolisation fœtale ».

La matinée du vendredi était composée de quatre ateliers :

- Les risques spécifiques au moment du séjour et de la rencontre avec l’enfant

- Adoption intrafamiliale : les points d’attention spécifiques

- Quel accompagnement des familles après l’adoption : enjeux, travail en réseau et échanges de pratiques

- Créer une commission statut (CESSEC) dans son département. 

La journée s’est terminée sur la présentation par l’ONPE de l’état des lieux de mise en place de commissions pluridisciplinaires et pluri-institutionnelles d’examen de la situation des enfants confiés à l’ASE ainsi que sur le bilan d’adoptabilité présenté par Mme Marie-Laure Bouet Simon psychologue clinicienne au service de l’adoption du département du Calvados.

Ces deux jours, d’une grande richesse, ont permis d'aborder de multiples facettes de l'adoption internationale et de rappeler certains fondamentaux indispensables à prendre en compte pour une adoption réussie comme l'histoire personnelle et familiale de l'enfant ainsi que l'évaluation de son état de santé physique et mentale. Le but ultime étant de choisir la meilleure famille pour lui et que cette dernière puisse répondre aux besoins de l'enfant adopté en toute connaissance de cause.