Au cours de cette journée dédiée en hommage au professeur Michel Manciaux, l’AFIREM souhaitait réinterroger le concept de prévention de la maltraitance dans ses acceptions variées. Quelles sont les conditions de la rencontre qui permettent de s’y engager ? Comment redonner aux usagers la parole sur leurs besoins et leurs savoirs ? Comment retrouver une posture qui donne aux personnes concernées les atouts nécessaires pour mettre en œuvre leurs capacités ? Comment respecter et amplifier leurs possibilités propres d’agir ? 

Certaines interventions de la matinée ont apporté des éclairages sur la question de la prévention. Pour Laurent Barbe, en protection de l’enfance, ce qu’il s’agit de prévenir est souvent difficile à définir, ce qui pose des problèmes d’évaluation de résultats et de relations avec les personnes concernées ;  une action de prévention doit se définir par ce qu’elle apporte et non par ce qu’elle évite. En se situant dans la perspective de la prévention psychique précoce, Gérard Neyrand a exposé deux façons de concevoir la prévention : l’une « adaptative » et pharmacologique, qui va du corps vers l’esprit, l’autre, « expressive » et visant l’amélioration de l’environnement de la personne, qui se place dans la dynamique relationnelle et envisage le symptôme comme l’expression somatique d’un trouble psychique. Si ces deux approches sont à combiner, leurs conséquences peuvent toutefois diverger. Un des enjeux forts de la prévention est un effort de formation à l’accueil et à l’écoute pour tous les professionnels en contact avec le public.

Après la présentation par Delphine Jouret du référentiel de soutien à la parentalité élaboré en 2006 en Belgique par l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) pour tous les professionnels de la fédération Wallonie- Bruxelles, Emmanuelle Bonneville-Baruchel a fait part d’une expérience de terrain dans le cadre d’expertise et de soins psychiques concernant des situations d’incapacité parentale chronique : il s’agit de personnes qui ne disposent pas des capacités parentales de base permettant de prendre soin d’un enfant sans risques d’exercer des négligences ou des maltraitances. Ces formes de pathologie nécessitent un traitement, leur prise en charge sur le seul plan éducatif est source de violence pour l’enfant, les parents et les professionnels. Au cours de l’après-midi, différentes expériences alternatives d’intervention en protection de l’enfance ont également été présentées.